Commentaire sur le Banquet de Platon, de l'Amour
Marsile Ficin (Auteur), Pierre Laurens (Traduction)
Trouver ce livre chez buch7.de | eurobuch.com | buchhandel.de | books.google.com ASIN=2251344594, Category: Philosophy, Language: F, cover: HC, pages: 350, year: 1578(2012).
Une autre edition, traduits de toscan en français par Guy Le Fèvre de La Boderie,... -J. Macé (Paris)-1578 est en-ligne (téléchargable en PDF).
C'est un livre extraordinaire pour un auteur du 15me siecle. ZZ
Voir aussi "Extrait - Rencontre avec Marsile Ficin" dans la description du livre avec ISBN 2705680942 (une autre edition (Hermann, 2011), qui commence avec "§ 1. Marsile Ficin aurait pu passer, du point de vue de l'apparence, pour un peintre, plus généralement pour un ami des beaux-arts, si l'on fait une exception pour les mathématiques absentes de ses oeuvres. Il est cependant différent : c'est un penseur et un traducteur."
La partie sur l'amour avec les mots cles Socrate, Diotime et Narcisse me semble particulierement interessante:
- Donques Dieu est la
fonteine de toute Beauté. Dieu est la
fonteine de tout l'Amour. Considerez
que la lumière du Soleil en l'Eau
est comme ombre au regard de la
plus elaire lumière du Soleil en l'air.
La splendeur qui est en l'Air est une
ombre au respect de celle qui est au
Feu. La lueur qui est au Feu est une
ombre comparee à la lumière du Soleil
qui reluist en sa rouë. La meme
comparaison est entre les quatre beautez
du Corps, de l'Ame, de l'Ange, et
Dieu. Dieu n'est poînt trompé, de manière
qu'il ayme l'ombre et de la beauté
en l'Ange, et qu'il oublie la Beauté
propre et véritable, et l'Ange aussi
<302> n'est jamais épris de la Beauté de|
l'ame, laquelle est ombre de luy, de
sorte qu'abandonnant ceste ombre
sienne, il abandonne sa propre figure.
Ce qui fait bien nostre ame. De
quoy nous nous deuons beaucoup
douloir, car c'est l'origine de toute
nostre misère. La seule ame dy-ie est
tant flattée et amadoüée de la forme
corporelle, qu'elle met en oubly
la propre espece : et s'oubliant soi-meme
fuit ardemment la forme du
corps, laquelle est ombre de l'espece de l'ame.
De là s'enfuit ce fait tres-cruel
de Narcisse, qu'a chanté Orfee.
De là s'enfuit la miserable calamité
des hommes. Narcisse adolescent,
c'est à dire l'ame de l'homme téméraire et
ignorante, ne regarde point
son visage, ce qui se doibt entendre,
qu'elle ne considere point sa propre
fubstãce et vertu. Mais bien en l'eau
<303> remire son ombre, l'en soit, et s'efforce
de l'embrasser, c'est à diré baye à
l'entour de la Beauté qu'elle void au
corps fragile courant comme l'Eau,
laquelle est ombre de lame: laisse la
propre figure, et iamais l'ombre ne
prend ny n'estreint. Parce que l'ame
luyuant le corps, se deprise soi-meme,
et par l'vlàge corporel ne se remplit
point, car en vérité elle n'appete
point le corps: ains desire (comme
Narcisse) son espece propre alléchée
de la forme corporelle, laquelle est
image de son espece. Et d'autant qu'elle
ne s'auise point de cest erreur,
defirãt une chose, et foyuant l'autre,
elle ne peut iamais assouuir son desir.
Et pourtant elle se distille en larmes,
cest à dire, l'ame depuis qu'elle est
tombée hors de soy et sommergee
au corps, elle est tourmentee de mortelles
perturbations, et fouillée des
<304> taches et ordures du corps, presque
elle s'estouffe, et meurt, parce que
lors elle apparoist plustost un corps
qu'une ame. C'est pourquoy Diotime voulant
que Socrate euitast cette
mort, elle le ramene du corps à l'ame,
de l'amé à l'Ange, et de l'Ange à Dieu.
-- citation du fin de chapitre 17, à partir de la page 301 dans le livre orginal (page 315 dans le PDF)
Le vrai Amour n'est autre chose qu'un certain effort de voler à la divine beauté, excité en nous par le regard de la beauté corporelle. L'Amour faux & pervers, est une cheute de la veuë au touchement.
-- ibid p382 (p396 dans le PDF)
Liens:
Comprehensive biography and main characteristics of Ficino's philosophie in The Internet Encyclopedia of Philosophy by James G. Snyder (en anglais)